Servir ou se servir

Servir ou se servir

J’aime beaucoup ce passage de l’évangile où nous voyons vraiment toute l’humanité des disciples, qui nous ressemblent tellement ! Ils cherchent leur place… et si possible, une bonne place ! Jésus leur répond de manière vigoureuse : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations commandent en maîtres ; les grands leurs font sentir leur pouvoir. Parmi vous, IL NE DOIT PAS EN ÊTRE AINSI. »

Jésus interpelle la manière dont nous vivons la relation aux autres, le pouvoir. Après les révélations du rapport sur les abus sexuels dans l’Eglise, ces paroles interpellent l’Église, nous interpellent, de manière nouvelle.

Tous, qui que nous soyons, nous avons à notre échelle une tâche impliquant le fait d’être en responsabilité vis-à-vis de certaines personnes dont nous avons le soin (collègues, élèves, enfants …). Et il peut être bon aujourd’hui de nous laisser interroger par le Christ sur la manière dont nous exerçons cette responsabilité. Suis-je au service de l’autre ou au service de ma place, de mes idées, de ma valorisation ? Suis-je prêt à accepter d’autres idées que les miennes qui peuvent me bousculer, ou suis-je toujours dans l’attente de l’approbation des miennes ? Suis-je capable de laisser la place au désir, aux idées, à la parole à l’autre ?

Est-ce que je mets mon pouvoir au service de l’Amour, ou au service de mon amour propre ?

Jésus poursuit : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Le Christ lui-même a pris la condition de serviteur, par Amour de l’humanité. Il utilise ce terme très fort d’« esclave », peut-être pour signifier que cette attitude est coûteuse. Il ne s’agit pas d’une sorte de mortification extérieure bien sûr, mais de « laisser mourir le vieil homme égoïste » pour vivre notre vocation profonde au don. C’est le chemin que Jésus a pris, et nous invite à prendre… Bien sûr, cela sera certainement le chemin de toute une vie, mais chaque pas est important, et nous pouvons demander cette grâce au Seigneur en ce jour.

La promesse du Seigneur est celle qu’il adresse au « juste » : « Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera » (Isaïe 50,11). Là où nous servons, nous rencontrons le Christ, et donc sa joie.